samedi 6 juin 2009

CANCER DU SEIN : PAS DE DEPISTAGE DE MASSE

Les données actuelles indiquent que le dépistage de masse des cancers du sein par mammographie tous les deux ans chez les femmes âgées de 50 à 69 ans pose de graves problèmes d'efficacité. (Pour les femmes plus jeunes et plus âgées les données sont défavorables au dépistage.)

Pourquoi ?

Aucune étude n'a montré une diminution de la mortalité globale des populations dépistées.

On peut écrire ceci (sources : réseau Cochrane cité par La Revue Prescrire dans son numéro 288 d'octobre 2007 - malheureusement non disponible en ligne) : "Pour 2000 femmes invitées au dépistage pendant 10 ans, une a sa vie prolongée. En contrepartie, 10 femmes en bonne santé, qui n'auraient jamais été déclarées cancéreuses en l'absence de dépistage, sont diagnostiquées comme ayant un cancer du sein et traitées inutilement"

Qu'est-ce que signifie 'traitées inutilement" ? : tumorectomie (on enlève la tumeur) ou mastectomie (on enlève le sein) et / ou radiothérapie et / ou chimiothérapie.

Autrement dit : le dépistage systématique du cancer du sein dans la tranche d'âge retenue détecte des cancers du sein, certes ; mais passe à côté de certains qui sont détectés entre deux mammographies (par palpation des seins essentiellement). MAIS SURTOUT : 30 à 50 % des cancers du sein dépistés sont très probablement NON DANGEREUX, car localisés et peu agressifs.


QUE FAIRE ?

Le médecin généraliste doit palper les seins de ses patientes en cas de symptomatologie fonctionnelle, doit savoir les palper et doit confier les mammographies à des mammographistes entraînés et confier leurs patients, en cas de doute, à des oncologues entraînés et à des chirugiens entraînés.

Pour plus d'informations : ici.

CANCER DE LA PROSTATE : PAS DE DEPISTAGE DE MASSE

Il n'existe actuellement pas d'éléments suffisants pour proposer la détection systématique du cancer de la prostate chez les hommes de plus de 50 ans par la pratique du Toucher Rectal et / ou du dosage du PSA.

'Pas d'éléments suffisants' signifie que cette détection systématique ne s'accompagne pas, en l'état actuel des connaissances, de bénéfices avérés qui contre-balanceraient les effets indésirables de ce dépistage.

Les études de Santé Publique s'attachent à rechercher si une intervention de type médical (la détection d'une maladie, son traitement ou sa simple surveillance) ou de type hygiéniste (arrêter de fumer, consommer moins de graisses polyinsaturées, faire de l'exercice physique) a des conséquences favorables sur la mortalité d'une population soumise à cette intervention par rapport à une population témoin, ou a des conséquences sur l'amélioration de la Qualité de Vie Liée à la Santé.

Dans le cas du cancer de la prostate il n'est pas démontré que la détection et le traitement de cette affection augmente l'espérance de vie des hommes.

Il est montré, en revanche, qu'un certain nombre de patients qui n'allaient pas mourir du cancer de la prostate, s'ils sont détectés, risquent de subir des traitements qui peuvent altèrer leur Qualité de Vie Liée à la Santé : risques d'impuissance, d'incontinence, de colite post rayons...

Vous trouverez les renseignements scientifiques ici.